Une invitation à soutenir le développement du pouvoir d’agir des personnes et des collectivités. Compte rendu de lecture de Gilles De Gagné, membre d’Hommes Québec.

Sortir de l’impuissance
Tome 1 – Fondements et cadres conceptuels
Tome 2 – Aspects pratiques
Auteur : Yann Le Bossé

Résumé

À la lecture de ces deux volumes, en tant que membre d’Hommes-Québec et certainement aussi dans mon rôle familial et social, je peux et j’ai l’intention de mettre à profit certains aspects de l’approche du développement du pouvoir d’agir. En espérant aussi que vous puissiez y trouver, comme intervenant ou comme membre, un soutien à l’accompagnement et aussi en tant que personne accompagnée qui a besoin d’aide. Certaines connaissances et certaines pistes sont suggérées.

Comme il est mentionné pour les professionnels et les intervenants, le développement du pouvoir d’agir (le DPA) peut s’étendre aux autres sphères de leur vie qu’il s’agisse de leurs autres rôles sociaux (loisirs, membre d’un collectif, etc.) ou de leur vie privée (père, mère, conjoint, membre d’une fratrie, etc.). Pour les personnes accompagnées, le DPA a pour but unique de soutenir les personnes dans leur capacité à avoir plus de contrôle sur ce qui est important pour elles, leurs proches ou la collectivité.

Pour débuter, l’auteur nous propose une réflexion sur la nature du bonheur suivie d’une démarche à propos de la justice sociale.

Pour prétendre d’une façon générale au bonheur, il nous faut essayer de réaliser des désirs, « ce qui est important pour nous »; les trois principaux étant la santé, l’amour, le succès. Voici deux positionnements philosophiques optimistes les plus compatibles avec cette conception du bonheur. Pour Spinoza, il n’existe qu’une substance fondamentale qui est la matrice de tout le vivant. Cette force possède une « puissance créatrice sans limites » qui se retrouve dans chaque être humain et qui le pousse à un besoin d’épanouissement à priori sans limites.

Paul Ricoeur va nous aider à comprendre la manière dont cette volonté d’être se manifeste en soi et avec les autres. Pour cet auteur, tout être humain poussé par un besoin d’affirmation (effort d’exister) est tout d’abord confronté à l’affirmation/confirmation de son identité; l’identité décomposée en deux aspects, dont celle qu’il nomme « ipse » qui désigne ce qui fait de moi un être unique et qui repose sur la reconnaissance de certaines capacités fondamentales.

Voici les quatre capacités qu’il désigne :

  1. Pouvoir dire : Comment s’affirmer et s’épanouir sans pouvoir dire?
  2. Pouvoir faire : « La souffrance n’est pas uniquement définie par la douleur physique, ni par la douleur mentale, mais par la diminution, voire la destruction de la capacité d’agir, du pouvoir faire, ressentie comme une atteinte à l’intégrité de soi. » (Soi-même comme un autre. P. 223)
  3. La capacité de raconter et de se raconter : les récits intégrateurs comme outil de structure identitaire, ces histoires de vie qui éclairent les phénomènes de stigmatisation, qui consistent à n’appréhender une personne que sous l’angle d’une des difficultés qu’elle rencontre.
  4. L’imputabilité : de s’octroyer et se voir octroyer la paternité de ses actions, d’affirmer son appartenance à la communauté humaine confirmée par la reconnaissance de ses actes aux yeux des autres et à ses propres yeux. Les pratiques sociales infantilisantes y sont légion encore aujourd’hui en subissant la dépossession d’imputabilité.

Dans la démarche que je fais chez Hommes Québec, je peux m’identifier totalement avec la 3e capacité qui est celle de raconter et se raconter et principalement aussi avec la 1re, pouvoir dire. En racontant mon vécu, mes sentiments, je peux, dans un premier temps, mieux cerner les difficultés et les obstacles personnels, structurels, familiaux ou sociaux, donc en prendre conscience pour éventuellement, dans un deuxième temps, passer à l’action, si nécessaire, par un geste d’affranchissement afin de sortir de l’impuissance.

L’auteur poursuit. Pas de bonheur sans épanouissement, mais également pas d’épanouissement possible sans l’appui des autres parce que les capacités fondamentales ne peuvent se déployer que dans la relation aux autres. Mais pour y arriver, il nous faut une justice sociale définie par Ricoeur :… le sens de la justice s’enracine dans la poursuite d’un objectif plus vaste qui consiste à «  vivre bien et pour les autres dans des institutions justes ».

Est juste, ce qui contribue à l’épanouissement des personnes et des collectivités. Est injuste, ce qui fait obstacle à cet épanouissement. Il nous faut donc des règles équitables si on les veut efficientes; ce qui implique la disponibilité des ressources affectives et économiques et leur accès en santé, en éducation, en information.

Il existe différentes façons de définir le bien commun et voici la conception que l’on applique partout depuis toujours : la négociation, qui demande d’agir ensemble, d’élaborer des consensus temporaires, une démarche de changement et de privilégier des définitions contextuelles et ponctuelles.

Quelles sont les pratiques sociales pour une société juste?

Un premier constat nous indique que « les pratiques sociales sont en crise », qu’il y a donc des tensions constantes qui caractérisent les rapports entre les différents acteurs de la chaine de production (bailleurs de fonds, concepteurs, gestionnaires, intervenants, personnes accompagnées,) et qui sont au cœur des problèmes récurrents. Aussi que les pratiques sociales contemporaines ont potentiellement des effets dommageables pour les personnes et pour les collectivités. On se retrouve avec une construction hiérarchique des cadres de pratique dont voici l’une des conséquences directes; c’est que le système de croyances des acteurs qui ont le moins d’expérience de la réalité des personnes en difficulté détermine en bonne partie la manière dont les pratiques sont conçues, planifiées et gérées.

Pour l’auteur, il faut absolument mettre à contribution, la participation, l’expertise expérientielle, les compétences et les connaissances des personnes accompagnées. Le succès engendre un sentiment de confiance et d’autonomie à poursuivre les actions, à surmonter les obstacles vers le changement souhaité, vers la démarche d’affranchissement.

À la question « à quoi et à qui doivent servir nos pratiques sociales? », il faut considérer qu’une finalité viable pour les pratiques sociales doit reposer sur une visée réformatrice. La participation des personnes accompagnées joue un rôle crucial dans la conduite des pratiques à visée réformatrice avec comme critère déterminant, qui consiste à se demander dans quelle mesure les opportunités de participation offertes permettent à celles-ci de pouvoir se dire, faire, raconter et se raconter, ainsi que manifester leur imputabilité.

L’expertise expérientielle des personnes accompagnées n’en reste pas moins partielle et doit donc être mise en commun avec les multiples expertises professionnelles impliquées dans la démarche de changement.

La tâche essentielle de l’intervenant consiste à identifier avec une extrême précision l’ensemble des conditions personnelles et structurelles nécessaires à la conduite du changement visé et à contribuer activement à les réunir. De plus, si plusieurs personnes peuvent partager le même type de situation, personne ne la vit de manière identique et les obstacles, que chacune rencontre dans sa démarche, sont en bonne partie spécifiques. Dans l’approche présentée, ce qui fait la compétence de l’intervenant, c’est son aptitude à faire en sorte qu’une personne ou un collectif puissent supprimer ou contourner les obstacles qui les bloquent.

Cette approche s’insère dans une démarche psychosociologique (une psychologie communautaire) qui porte sur les modalités d’interaction entre les individus et leur milieu de vie. Il faut donc étudier les caractéristiques individuelles d’un groupe d’acteurs donné tout en intégrant les forces macros sociales simultanément.La psychosociologie s’inscrit également dans une logique constructiviste, donc que la réalité sociale est un produit construit où l’on pourrait dire que les humains construisent leur perception de leur réalité qui à son tour influence leur manière de comprendre le monde et qui priorise la finalité de la conduite du changement.

Entre les interactions complètement conditionnées ou une forme de libre arbitre, la perspective adoptée dans cet ouvrage emprunte aux deux logiques. Elle suggère que les individus sont des acteurs qui poursuivent des buts sans cesse ajustés aux contraintes qu’ils perçoivent et que leurs comportements obéissent à une logique stratégique destinée à optimiser leurs chances d’atteindre ces buts. Ces ajustements sont toutefois conditionnés par le cadre culturel, social et psychologique.

La finalité des interactions est appréhendée comme un produit ponctuel et on essaie d’obtenir ce à quoi on aspire à partir de ce que la situation nous semble permettre ici et maintenant.

Un des enjeux importants des personnes accompagnées consiste à retrouver rapidement les moyens d’agir par elles-mêmes pour résoudre leurs difficultés. L’expérience montre qu’il suffit que ces personnes soient mises en situation d’expérimenter leurs compétences avec succès pour que cet enjeu fondamental d’autonomie personnelle se manifeste à nouveau.

Ce qui nous amène à proposer que le phénomène quidésigne l’application de l’idée d’« empowerment » au champ des pratiques sociales réfère au développement du pouvoir d’agir des personnes et des collectivités.

La notion d’affranchissement passe par un développement de pouvoir d’agir spécifique qui est nécessaire au dépassement de l’obstacle ponctuel et la notion de changement est implicitement contenue dans l’idée de pouvoir d’agir. La notion de pouvoir est associée à l’idée de possibilité, qui comprend le personnel et le structurel. Il peut exister des situations où un tel affranchissement passe par l’exercice explicite d’un pouvoir d’influence.

Les personnes accompagnées possèdent déjà le potentiel nécessaire pour développer leur pouvoir d’agir par leurs expériences personnelles, alors qu’un soutien orienté vers les acquisitions de compétences dans une situation revient à contribuer à l’échec des personnes que l’on accompagne.

Voici quelques postures traditionnellement adoptées par les intervenants pour « aider » les personnes accompagnées.

La posture du « policier » où l’on fait prendre un engagement en échange d’une aide ou tout simplement de se conformer aux informations fournit au regard de celles qui sont attendues. Les personnes accompagnées, placées en position passive, reçoivent un diagnostic, doivent suivre les instructions et peuvent subir les reproches de ne pas collaborer, de résister au changement.

La posture du « sauveur » où l’intervenant se sent responsable de l’élimination de la souffrance à laquelle il est quotidiennement exposé. Il doit diagnostiquer correctement le problème, identifier le traitement approprié dans le but d’éradiquer le problème.

La posture du « militant » qui considère que la conduite du changement social fait partie intégrante de leur mission professionnelle, stimulera la mobilisation citoyenne et s’accompagnera des conduites de changement collectif. Elle est la moins dommageable des trois postures présentées jusqu’ici puisqu’elle offre une réelle possibilité d’épanouissement, mais partielle cependant. Ces trois positions restent fondamentalement prescriptives (elles administrent un diagnostic et la solution) et placent l’essentiel de l’expertise du côté du professionnel.

Pour l’auteur, seule la posture « du passeur » amène la personne accompagnée à définir son objectif et à développer son pouvoir d’agir. La posture « du passeur » place la personne accompagnée en position de pouvoir agir et de vouloir agir parce que c’est elle qui fixe l’objectif de changement alors que l’intervenant prend compte des conditions structurelles et personnelles de la conduite du changement visé. L’objectif étant de faire en sorte de franchir les obstacles personnels et structurels qui se présentent dans sa démarche d’épanouissement par le DPA (le développement du pouvoir d’agir)

Le passeur est avant tout soucieux de permettre à chacun de traverser un passage difficile, il est disponible pour un moment donné dans un contexte précis, il sait adapter le chemin et les modalités en contournant ou éliminant les obstacles qui se présentent. De l’expert des contenus, il devient le facilitateur des processus.

Pour maintenir une posture de passeur, il s’agit de disposer d’un « cadre d’analyse » avec lequel on puisse faire une lecture rapide de chaque situation et intervenir de manière ajustée pour soutenir le DPA.

Avant d’aborder le cadre d’analyse, il nous faut établir préalablement la définition du problème parce que, quelle que soit l’approche adoptée, toute relation d’aide passe par une compréhension précise de ce qui occasionne l’inconfort ou la souffrance des personnes que l’on accompagne. Il va de soi qu’il est essentiel que la personne accompagnée puisse s’exprimer sans contrainte ni jugement de valeur.

L’intervenant doit trouver une manière de guider l’expression de la personne accompagnée qui, sans être intrusive, oriente clairement les échanges vers la définition de plus en plus circonscrite de la réalité qui pose problème.

On peut utiliser deux types de stratégies, la première étant la « douce fermeté » qui consiste dans un premier temps à accueillir le ressenti ici et maintenant. Tout de suite après l’accueil sans condition, la stratégie va consister à orienter l’échange vers l’exploration systématique des éléments concrets qui illustrent ce qui vient d’être exprimé. L’autre grande stratégie « la réfutation » qui consiste concrètement à relever les incongruités et les contradictions dans les propos de la personne. L’intervenant peut les alterner et ne pas oublier qu’ils ne sont que des outils qui doivent être ajustés.

Dans l’approche centrée sur le DPA, la définition précise et rigoureuse du problème est le produit combiné de l’expertise professionnelle de l’intervenant et de l’expertise expérientielle de la personne accompagnée où l’on devra négocier la cible de changement.

Quatre axes de pratique pour développer le pouvoir d’agir

Ce qui nous amène aux quatre axes de pratiques qui contribuent à la conduite concrète du changement et qui constituent la grille d’analyse du développement du pouvoir d’agir.

L’adoption d’une unité d’analyse « acteur en contexte »

Qui veut quoi, pour qui, pour quoi? En adoptant cette approche qui tend à placer la personne concernée au cœur de la conduite du changement visé, il est important de s’assurer de leur pouvoir d’agir actuel sur les obstacles qu’elles rencontrent que de prioriser l’élucidation de l’origine de leurs difficultés.

En adoptant une unité d’analyse, les mandataires de l’intervention sont appréhendés  comme faisant partie de l’ensemble des acteurs impliqués dans la situation. L’intervenant se considère lui-même comme un acteur impliqué ayant ses propres attentes.

Une telle appréhension des situations intègre à la fois les conditions matérielles, temporelles, personnelles et structurelles. Le fait de prendre en compte systématiquement l’ensemble des dimensions du contexte (durée du mandat, recherche prioritaire de solutions à court, moyen et long terme, ressources disponibles, cadre légal, modalités organisationnelles, accès à l’information) permet de concevoir des cibles de changement ajustées à la situation.

Maintenant, il s’agit de relever un des premiers défis qui réside dans la nécessité de négocier la cible de changement avec les acteurs impliqués.

L’implication des personnes concernées dans la définition du problème et des solutions

L’implication des personnes concernées et surtout l’expertise expérientielle est le chaînon manquant des pratiques professionnelles. Dans les contextes clairement prescriptifs les personnes sont explicitement exclues de la définition de ce qu’on estime être leur problème et que penser des solutions. Concrètement, cette situation de prise en charge unilatérale place le professionnel dans le rôle de l’expert omniscient et la personne « aidée » dans celui du bénéficiaire passif d’où l’impuissance perçue et vécue.

Pour les personnes concernées, l’expérience personnelle est souvent sous-estimée parce qu’elle repose sur la perception « subjective », mais cette qualité subjective de l’expertise expérientielle est un atout central. En associant l’expertise expérientielle à l’expertise professionnelle, on permet à chacune d’enrichir l’autre et on se donne toutes les chances de définir le problème de manière plus ajustée à la réalité des personnes concernées. Cela signifie à la fois de décider ensemble de la cible du changement et des moyens envisageables pour l’atteindre, donc d’offrir aux personnes des opportunités concrètes de faire un pas de plus en direction du changement visé.

L’intervenant, tout en témoignant d’une attitude d’humilité et d’ouverture, en se positionnant comme un négociateur du changement, se donne la possibilité de sortir de la situation d’impuissance dans laquelle il est souvent placé et constitue un des moyens les plus stimulants d’assumer la fonction d’aidant professionnel.

La prise en compte des contextes d’application

L’expression « contexte d’application » fait référence aux caractéristiques particulières de la situation dans laquelle il nous est demandé d’intervenir. Le contexte constitue l’ensemble des éléments qui caractérisent la situation présente telle qu’elle est perçue par l’intervenant en mettant l’accent sur trois aspects fondamentaux; 1) l’enracinement dans la situation : seul le présent existe, le passé et le futur n’ont d’importance que dans la mesure où ils ont des incidences concrètes dans la situation présente. La réputation, les traumatismes qui ont marqué le passé des personnes ne sont pertinents que dans la mesure où ils conditionnent le changement envisageable. 2) l’appui sur le point de vue de l’intervenant : si la même situation était observée par un autre intervenant, le contexte serait différent, on rompt ouvertement avec la recherche d’une conclusion générale dite « objective » et on prend acte de son profil particulier comme d’un élément incontournable de la situation. 3) la sélection des éléments qui caractérisent la situation : soit la disponibilité des ressources structurelles qui doit être appréciée selon les contextes et de manière ponctuelle et locale.

L’introduction d’une démarche d’action conscientisante (IDAC)

Peu importe votre statut ou votre rôle dans la société, j’ai trouvé personnellement que cette démarche et cette réflexion sur nos expériences, s’applique à tout individu ou tout groupe qui veut cheminer, s’affranchir, s’épanouir. Elle explique clairement ce processus. Ce fut pour moi une révélation, le point le plus déterminant de ma lecture.

Il n’est pas rare que des réflexions spontanées nous conduisent à des conclusions un peu hâtives qui peuvent nous faire passer à côté de précieux enseignements. Il s’agit de faire en sorte que nous puissions tirer un parti maximum de nos expériences. Il s’agit donc d’adopter un point de vue critique en prenant du recul et aussi en réexaminant l’ensemble de la situation en questionnant systématiquement notre adhésion à telle ou telle affirmation. Ce qui conduit à inclure des points de vue différents, à accéder à de nouvelles informations et aussi à ce qu’on appelle « des prises de conscience ».

Progressivement, il y a un réaménagement de mes croyances et connaissances, alors, se produit une « dissidence cognitive », c’est-à-dire une difficulté à concilier les nouvelles informations auxquelles j’ai accès avec mon système de croyances et mon bagage antérieur de connaissances. Cette dissonance constitue un inconfort qui va nécessiter à plus ou moins long terme, une réorganisation de mes croyances et de mes connaissances.

Je peux faire le choix de rejeter les nouvelles informations et éliminer la tension provoquée. Je peux être ambivalent face à ces deux positions. Et il arrive un moment où l’inconfort provoqué nécessite une intégration des nouvelles informations et se produit ce qu’on appelle un « recadrage cognitif », c’est-à-dire la création d’une nouvelle explication qui permet d’intégrer toutes les informations disponibles. À force de multiplier les processus de recadrage, une transformation plus globale s’opère, ce qui m’amène à changer l’ensemble de ma façon de me positionner à l’égard de certains aspects de ma réalité.

Cette prise de conscience génère un ensemble d’impacts sur les plans cognitifs (la manière dont je comprends ce que je vis), affectifs (la manière de ressentir mon expérience quotidienne), et comportementaux (elle transforme ma façon d’agir à l’égard des difficultés que je rencontre). Elle devient une manière de réfléchir à nos expériences concrètes, d’un processus aller-retour entre l’expérience et la réflexion critique que l’on désigne globalement à l’aide du terme « praxis », qui est composé de deux ingrédients : l’expérience et le récit de l’expérience, lorsque l’on désire un changement ou que l’on désire comprendre plus en profondeur ou à éclairer l’expérience en vue d’en tirer les enseignements nécessaires à l’action future.

Voyons comment la conscience critique, la prise de conscience et la conduite d’une praxis s’articulent ensemble.

Il faut partir de « ce qui a été tenté » (matière de base), adopter un sain scepticisme (poser les questions d’approfondissement), attirer l’attention sur les effets d’interaction (sur les composantes et les effets de ces interactions), consolider les prises de conscience (pour un plus grand pouvoir d’agir sur ce qui est important pour soi, ses proches ou la communauté), contribuer à clarifier « ce qui est maintenant possible ».

Parce qu’il est un outil indispensable à l’affranchissement à moyen et long terme des personnes accompagnées, le processus de l’introduction d’une démarche d’action conscientisante (IDAC) constitue la pierre angulaire sur laquelle repose tout l’édifice du développement du pouvoir d’agir (DPA).

Les quatre axes fournissent les outils pour soutenir le développement de cette approche.

Yann Le Bossé - Sortir de l'impuissance. invitation à soutenir le développement du pouvoir d’agir des personnes et des collectivités

SORTIR DE L’IMPUISSANCE TOME 1 : ASPECTS CONCEPTUELS

AUTEUR :Yann Le Bossé
ÉDITEUR : Ardis
ISBN 2981081144

SORTIR DE L’IMPUISSANCE TOME 1 : Aspects pratiques

AUTEUR :Yann Le Bossé
ÉDITEUR : Ardis
ISBN 9782981081162

https://www.ardiscanada.ca